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Affichage des articles du juillet, 2017

Les mille vies de Lucia Berlin dans "Manuel à l’usage des femmes de ménage" (chez Grasset)

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Les miracles du quotidien avec "Manuel à l’usage des femmes de ménage" de Lucia Berlin (chez Grasset). Pourquoi on aime ce livre ? Pour la sincérité de ces nouvelles douces-amères inspirées largement de la vie de l’auteur Lucia Berlin, femme forte et fragile à la fois. Pour la galerie de personnages loufoques de toutes les classes sociales qu’elle côtoie dans ses mille vies. Pour l’écriture remarquable de ces textes. Ça swingue, ça court, ça chute, ça rebondit. Mais surtout ça ressent. De quoi ça parle?   Quarante-trois nouvelles, quarante-trois moments de vie. Même si on est né avec une cuillère en argent dans la bouche, le destin peut vite basculer. D’une vie chaotique, on ne garde que le meilleur même si le pire n’était pas loin. Qui sont les personnages?   Enseignante, femme de ménage, infirmière, petite fille, malade dans un centre de désintoxication ? Qui sera l’héroïne cette fois ? L’aventure d’une vie commence. Où ça se passe? Mille vie

Dans "Cartographie de l’oubli", Niels Labuzan remédie à l’amnésie collective d’un génocide en Namibie (chez JC Lattès)

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Dans "Cartographie de l’oubli", Niels Labuzan se plonge dans l'Histoire du Sud-Ouest africain (chez JC Lattès). Pourquoi on aime ce livre ? Parce qu'en lisant ce journal d'un soldat allemand, on en oublierait presque qu'il s'agit d'une fiction et non d'un véritable témoignage sur la colonisation du Sud-Ouest africain. Parce que le devoir de mémoire est l'affaire de tous et que, grâce à Niels Labuzan, on se remémore le génocide des Héréros et des Namas, des peuples de pasteurs africains, par les Allemands au début du 20e siècle dans l'actuelle Namibie. Les historiens estiment à plus de 80.000 le nombre de victimes de ce génocide. Parce que l'auteur nous conforte dans l'idée que la construction de l'identité, aussi bien d'un individu que d'une nation, passe nécessairement par la connaissance du passé. Parce que l'auteur nous interpelle en s'interrogeant sur les raisons qui poussent à devenir un cr

La planète des années 60 fait sa révolution dans "Où est votre stylo" de Tom Wolfe (chez Robert Laffont)

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Les années 60 comme si vous y étiez dans "Où est votre stylo" de Tom Wolfe (chez Robert Laffont). Pourquoi on aime ce livre ? Parce que vous avez envie de lire ou d’offrir un livre joyeux à Noël et que ces chroniques du talentueux  Tom Wolfe  sont des bulles de champagne. Si vous êtes de la génération Beatles et Stones, vous vous replongerez dans vos souvenirs yéyé. Pour les plus jeunes, sachez qu’on y scrolle pas de courtes news. Là, les articles sont longs et les dialogues retranscrits en entier. Parce que le talentueux journaliste nous raconte tout ce qui se passe autour de lui à la manière de la scène de l’aveugle dans  Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain . Il nous redonne la vue sur tous ces petits détails qui ne sont pas si insignifiants. Le résultat est plus proche du roman que du reportage, à ceci près que le sujet est bien réel.  Parce que Tom Wolfe, qui porte souvent un costume blanc, sait aussi se salir et voir en face la réalité sociale des Etats-

Plongeon en apnée dans "Aquarium", roman US psychologique de David Vann (chez Stock)

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Les secrets chocs de famille dans "Aquarium", roman US psychologique de David Vann (chez Stock). Pourquoi on aime ce livre ? Parce que cette histoire d’ado de banlieue qui va faire une rencontre inattendue à l’aquarium nous plonge dans une histoire de secrets qu’on a envie de lever. Moins drôle mais plus profond que Secret Story. Parce que les parois de l’aquarium permettent l’observation des Némo et autres Dorymais que jeter un œil à l’intérieur de soi est une chose bien plus complexe. Parce qu’on aime ces discussions de Caitlin avec le vieil homme, qui ne sont pas sans rappeler celles du Petit Prince avec l’aviateur, et les belles illustrations qui concluent ces échanges sur le mode «dessine-moi un poisson». Parce qu’on aime et qu’on déteste en même temps se replonger dans notre propre enfance en s’identifiant à l’héroïne. Parce que le thème «trois femmes, trois générations», n’est pas réservé aux dorures d’ Eternité . Là ça sent la pluie, la rascaille, l

Le Paris des années 1950 avec «La Petite Gamberge» de Robert Giraud (chez Le Dilletante)

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La Mouffe, les Halles, l'ambiance d'après-guerre avec «La Petite Gamberge» de Robert Giraud (chez Le Dilletante). Pourquoi on aime ce livre ? Parce que cette chronique douce-amère d’une bande de petits malfrats, parue il y a 65 ans et rééditée aujourd’hui, est le reflet du Paris populaire. On reconnaît les personnages hors normes photographiés par l’ami de Bob Giraud, Robert Doisneau. Atmosphère! Atmosphère! Parce que la gamberge, la rêverie, est non dans le vers comme disait  Diam’s , mais dans le verre. Seulement, attention au dégrisement. Parce que ça sent le vécu. L’auteur exerça mille métiers, de bouquiniste à pigiste, en passant par d’autres moins avouables. Parce que tout ce beau monde entrave et jacte l’argot.  De quoi ça parle?   Cinq «copains d’abord» traînent des pieds et mijotent leurs coups dans un café de la   montagne Sainte-Geneviève . A la Bonne Treille, on attaque le noir au calva dès l’ouverture. Ça se complique quand une belle petite e

Socorro Acioli utilise le langage du conte dans la «Sainte caboche» (chez Belleville éditions)

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Les prières d'amour dans la «Sainte caboche» (chez Belleville éditions). Pourquoi on aime ce livre ? Parce que le langage fantastique du conte, ici brésilien, est universel. Parce qu’on tire une leçon de l’histoire. Il faut bien se mettre dans la caboche que le désespoir des gens peut décapiter leur raisonnement et les amener à suivre le premier beau parleur venu. Parce qu’on aime l’expérience 2.0 proposée par Belleville éditions. Les notes connectées de bas de page nous permettent d’aller plus loin dans le voyage avec de la musique, des photos et des articles. De quoi ça parle? Maman n’est plus là, papa est parti depuis longtemps, mémé n’ouvre pas la porte. Alors Samuel trouve refuge dans un endroit étrange où il entend des prières de femmes désespérées. Vivre dans la tête de la statue d’un saint peut vite vous faire perdre la boule et vous donner des envies de mensonge. Qui sont les personnages? Au bout du conte, les hommes, les femmes, cherchent l’

Dans «Lignes de fuite», Stéphanie Braquehais s'intéresse au rapport de la France à son histoire coloniale (chez JC Lattès)

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Le long de la ligne de chemin de fer franco-éthiopien avec «Lignes de fuite» de Stéphanie Braquehais (chez JC Lattès). Pourquoi on aime ce livre ? Trois témoignages comme trois lignes de fuite qui nous permettent de diriger notre regard de lecteur vers le rapport de la France à son histoire coloniale. Sujet plus que jamais d'actualité. Etre un enfant à Djibouti, un colon en Ethiopie, une bobo à Paris. Evoluer quelque part mais surtout à un moment donné. Livre doux, coloré et sucré comme un gishta, pomme-cannelle en amharigna. De quoi ça parle?   A l'inverse de Souchon, quand Emma marche toute seule le long d'une ligne de chemin de fer, dans sa tête il y a plein à faire pour résoudre les secrets de sa famille. Les petites histoires entre Djibouti et l'Ethiopie rejoignent la grande Histoire. Qui sont les personnages? Trois voix. Celle d'Henri, arrière-grand-père d'Emma qui est directeur du chemin de fer franco-éthiopien. Celle de Maurice

Le journal intime d’une mamie de caractère dans "Un clafoutis aux tomates cerises" de Véronique de Bure (chez Flammarion)

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La joie de vivre à la campagne dans "Un clafoutis aux tomates cerises" de Véronique de Bure (chez Flammarion). Pourquoi on aime ce livre ? Parce qu’un clafoutis aux tomates cerises comme une madeleine de Proust nous ramène à notre propre enfance chez mamie à la campagne. Parce que ceux qui ont des racines rurales reconnaîtront dans ce livre des centaines de détails de la vie des gens qui ont le temps de regarder pousser leurs légumes dans leurs potagers. Parce que comment imaginer plus belle déclaration d’amour que cette retranscription si juste et si précise des pensées et des gestes quotidiens de quelqu’un d’autre ? Ici, l’auteur se glisse dans la peau de sa mère. De quoi ça parle?   Nous entrons dans la maison de Jeanne, 90 ans, aussi facilement que la factrice. La porte est grande ouverte, son cœur aussi. Ses joies surtout, ses coups de mou parfois, ses souvenirs et aussi ses avis bien tranchés sur le monde actuel. Qui sont les personnages? Jea

Avec «Anthracite», Cédric Gras part sur les routes d'Ukraine pendant la guerre (chez Stock)

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Entre guerre civile et mines d'«Anthracite» de Cédric Gras (chez Stock). Pourquoi on aime ce livre ? Parce que oui, en 2016, c’est encore la guerre aux portes de l’Europe (le roman se déroule en 2014) et que personne n’en parle. Cédric Gras nous le remémore. Nous voilà partis sur les routes du Donbass, en Ukraine. L’auteur, qui a beaucoup d’empathie tout comme les protagonistes, a même prévu pour nous un gilet par balle dans le coffre de la voiture. Parce que lire un  Que sais-je ?  sur  le conflit du Donbass  nous aurait barbés, mais avec ces petites histoires de frères de sang russophones, on balaie et on comprend facilement la grande Histoire. A ce jeu d’échecs, c’est le sort des pions qui nous intéresse et non celui des rois, les oligarques. Pas de parti pris pour autant : tout le monde peut donner son avis. Parce qu’on se prend d’affection pour le héros, Vladen, qui en voit de toutes les couleurs depuis sa naissance. Il est né en 1972 dans un Etat qui n’exis

On se remet en question avec "Les naufragés de la salle d'attente" de Tom Noti (chez Paul et Mike)

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Tous chez le psy avec "Les naufragés de la salle d'attente" de Tom Noti (chez Paul et Mike). Pourquoi on aime ce livre ? Franchissez la porte de ce huit clos sans vous inquiéter. L'ambiance n'est pas trop étouffante et un petit air d'humour traverse la pièce. On tire de belles leçons de ce livre. Comme dans la chanson d'Axel Bauer, il faut parfois éteindre la lumière, regarder son côté sombre, pour que tout s'éclaire. Et c'est plus facile accompagné d'un ami, d'un psy ou même d'un inconnu. On comprend aussi qu'il n'est pas si simple de lire dans les pensées des autres. Mieux vaut savoir communiquer. La structure du roman est intéressante. Chaque chapitre est consacré au point de vue d'un personnage De quoi ça parle? Trois personnes se retrouvent coincées dans une salle d’attente d’un psy qui ne viendra jamais. Ce temps suspendu permet de vraies rencontres et des introspections nécessaires. Loin